La majorité des rois africains étaient contre la traite et ont lutté contre la déportation des leurs, contrairement aux thèses des africanistes, tel que Ollivier Pétré-Grenouilleau qui affirme que « L’essentiel des captifs « produits » en Afrique noire le fut par les pouvoirs en place (…) Globalement, ceux-ci sont donc restés les maîtres des jeux de l’échange tout le temps que la traite négrière dura. L’Afrique noire est concrètement et volontairement entrée dans l’engrenage négrier ».
Cette affirmation est discréditée par les spécialistes africains de la question, comme Klah Popo, auteur de Yovodah et Panafricanisme ; Résister pour survivre. S’unir pour renaitre. Pour lui, il n’y a « aucune preuve de l’existence en Afrique Ancestrale de sociétés où l’homme avait le droit d’être propriétaire d’un autre homme, en tant que bien-meuble».
Il faut rappeler que la première phase de la déportation des Noirs était essentiellement du fait des razzias, rapts et assassinats, pratiquées d’abord par les Arabes et ensuite par les Européens, où n’apparaissent nulle part les protagonistes africains « vendeurs d’esclaves ».
Nous pouvons évoquer ici, le cas du roi de la Nubie Kalidurat et ses successeurs soumis par les souverains égyptiens: en 642, ce roi, militairement vaincu par les envahisseurs musulmans, commandés par Abd Allah ibn Sarth, dut se soumettre aux exigences de ce dernier.
Et un traité imposé par les souverains musulmans de l’Egypte aux rois de la Nubie aurait réglé leurs rapports militaires et économiques pendant six siècles. Ainsi, chaque année, la Nubie devait envoyer au Caire, quatre cent quarante deux captifs. Les maîtres du jeu étaient donc les Arabes et surtout les Européens, par ce que, forts de leur supériorité militaire.
Nous vous exposons ici, le cas de quelques exemples de rois les plus farouchement opposés à la traite, mais jamais cités par les historiens euro-centristes, « spécialistes » de la question de l’esclavage.
Le mensonge sur les rois nègres fournisseurs d’esclaves
Soundiata keita, fondateur de l’empire du Mali, auteur de la CHARTE DE KURUKAN-FOUGA ou charte du Mandé, 1236 Soundiata organisa des brigades anti-esclavagistes pour combattre les négriers musulmans, arabes, berbères ou autres qui faisaient la traite des esclaves.
Quelques extraits de la Charte du Mandé :
– “(…) La guerre ne détruira plus jamais les villages pour y prélever des esclaves; c’est dire que nul ne placera désormais le mors dans la bouche de son semblable, pour aller le vendre;
– Personne ne sera non plus battu au Mandé a fortiori mis à mort, parce qu’il est, fils d’esclave.
– L’essence de l’esclavage est éteinte ce jour, d’un mur à l’autre du Mandé.
– Les razzias sont bannies à compter de ce jour au Mandé, les tourments nés de ces horreurs disparaitront à partir de ce jour au Mandé (…)
Le Roi Afonso 1er alias, N’Zinga Bamba du Kongo (1506-1543).
Afonso était un soldat déterminé et étendit le contrôle du Kongo au sud. Sous son règne, le royaume se modernisa, ce qui lui valut d’être considéré comme l’un des plus grands monarques du royaume Kongo.En 1526, il rédigea une série de lettres condamnant le comportement des Portugais dans son pays, tout particulièrement l’établissement de la traite négrière transatlantique.
Roi Afonso 1er alias, N’Zinga Bamba du Kongo (1506-1543).
Afonso était un soldat déterminé et étendit le contrôle du Kongo au sud. Sous son règne, le royaume se modernisa, ce qui lui valut d’être considéré comme l’un des plus grands monarques du royaume Kongo. En 1526, il rédigea une série de lettres condamnant le comportement des Portugais dans son pays, tout particulièrement l’établissement de la traite négrière transatlantique. Bien que farouchement opposé à l’esclavage, l’ayant âprement combattu dans un premier temps, il finit par céder devant la supériorité militaire du Portugal, en tentant d’assujettir la traite à la loi Kongo.
« Vous ne pouvez pas mesurer la dimension du tord qui nous est fait, car des commerçants portugais capturent chaque jour nos sujets, des fils du pays et des fils de notre noblesse, de nos vassaux, de nos parents […] Ils prennent avec eux des voleurs et des hommes sans scrupules car ils voudraient posséder tout ce qui est à posséder dans notre royaume. Ils les capturent et les vendent ensuite ».
Le Roi Oba Esigie (Royaume Yoruba du Bénin (1504-1559).
A la tête d’une armée de plus de 20 mille hommes, il s’oppose à la traite négrière. Il capture tous les négriers et leurs bateaux qui pénètrent sur son territoire. Ce document nous révèle, la ruse utilisée par les Européens pour prendre pied sur le continent, ruse appelée diplomatie : des Européens exécutant des courbettes devant le roi Oba Esigie.
Des reines célèbres ayant lutté contre la déportation et l’esclavage
Njinga Mbandi (1581 – 1663)
Reine du Ndongo et du Matamba, a marqué l’histoire de l’Angola du 17e siècle. Fine diplomate, habile négociatrice et redoutable stratège, Njinga opposera une résistance tenace aux projets coloniaux portugais et ce jusqu’à sa mort, en 1663. Elle s’opposa aux projets mercantiles européens, en particulier le développement de la traite des Noirs sur la côte de l’Afrique australe
Figure emblématique et symbole de la résistance à l’oppresseur portugais, elle lutta pendant 30 ans contre les négriers portugais et remporta d’éclatantes victoires.
Kempa Vita, alias Dona Béatrice
Nationaliste, anti-esclavagiste kongolaise, en 1704, elle lutta pour la libération et la souveraineté de son pays. Jugée hérétique par les missionnaires blancs. Elle fut brûlée vive avec son bébé, le 02 juillet 1706 à l’âge de 22 ans. Les missionnaires, « ces sorciers » comme les nomme Kimpa Vita, tirent profit de la traite négrière dans les provinces. Que des fidèles de Dieu puissent également être leurs oppresseurs apparaît impensable pour la jeune femme. « La vérité est que Jésus-Christ n’est pas Blanc, mais Noir. Les pères de l’Église sont africains et le Kongo est la Terre Sainte», prêche- t-elle alors dans les villages. Elle fonde le culte antoiniste, qui appelle à lutter contre l’emprise portugaise. Kimpa Vita a libéré la fierté de l’identité noire et porté une foi émancipatrice sur un continent en proie à l’oppression.
Les peuples conduits parfois par des religieux s’opposent à ce trafic barbare
– Cheik Omar, lui rallia les Soninké et les Mandinka qui s’opposèrent farouchement à l’esclavagisme européen.
– Les peuples Wolof et Asante résistèrent également à la traite négrière jusqu’au XVIIème siècle.
– Les Yoruba, Ibo… se battirent contre la mainmise des Européens sur leurs territoires et leurs habitants.
– Nasir-al Din lettré musulman opposant actif à l’esclavagisme au Sénégal ; il mena les guerres des XVIIème et XVIIIème siècles, des marabouts connues sous le nom de « mouvements des Toubenan ».
– Les Bubi : populations de l’île de Fernado Poo (archipel de Sao Tome) : Leur farouche résistance multiséculaire empêcha les colons esclavagistes portugais et les espagnols de pénétrer à l’intérieur de leurs terres.
L’affaiblissement des royaumes africains, incapables de résister face à la supériorité militaire des Européens, a permis l’émergence de royaumes négriers fantoches créés de toute pièce par les Européens et dirigés par de métis Afro-portugais, ramenés d’Europe dans l’archipel de Sao Tomé et élevés dans la haine des nègres, ou par les « lançados », classe de négriers autoproclamés vice-rois à la solde des négriers. Ces royaumes fantoches favorables à la traite négrière sont armés et soutenus par les Etats esclavagistes afin de combattre les royaumes africains réfractaires. Les « lançados » : semence de l’enfer en portugais sont une classe de bannis du royaume ibérique transférés en Afrique et devenus plus tard des princes marchands.
ANNEXES
1) – Reconstitution d’un portrait de Soundiata Keita
2) – Image du roi Alfonso 1er tirée du travail historique et illustratif de L’histoire des rois africains
par le célèbre photographe James C. Lewis
3) – Portrait du roi Oba Esigie
4) – La Reine Nzinga (Kongo, Royaume de Ndongo-Afrique centrale (1583-1663)
5) – Kempa Vitta