Les grandes oppositions au mouvement LGBT dans le Sud Global, semblent toutes vouloir imiter la rhétorique néotsariste de Vladimir Poutine. L’opposition au mouvement LGBT, se confond avec le rejet de l’homosexualité et des homosexuels en avançant des arguments civilisationnels et parfois religieux. Des arguments d’innocence sont aussi parfois évoqués, pour prétendre que l’homosexualité, fait naturel et anthropologique qui s’observe dans toutes les sociétés et a toutes les époques aurait été introduite dans le monde colonisé avec l’arrivée des colons.
Cette idée peut être expliquée par le fait que durant la colonisation, les cas d’abus au sein de l’armée coloniale française entre les chefs colons et les sous-officiers indigènes étaient fréquents comme l’explique notamment Richard ALDRICH dans son ouvrage « Homosexuality And Colonialism ». L’homosexualité en contexte colonial a été utilisée comme moyen de domination. Mais au delà de la simple critique culturelle ou du rejet identitaire souvent mal exprimé et confondu par les médias occidentaux par de l’homophobie, la pensée décoloniale peut proposer une grille d’analyse beaucoup plus pertinente dans les interactions de l’agenda des LGBT dans les pays du Sud, qui s’opèrent dans une démarche qui ressemble de plus en plus à une stratégie impérialiste.
La posture universaliste du mouvement LGBT, son utilisation par les ONG occidentales pour promouvoir le néolibéralisme et enfin sa tendance à perpétuer le narratif du suprématisme occidentaliste sont autant d’éléments à mettre en exergue dans une approche décoloniale.
Cette idéologie se repend surtout par l’influence des ONG occidentales dans le Sud Global. Depuis les années 1980, et de façon encore bien plus intense depuis la chute de l’Union soviétique, l’impérialisme néolibéral américain s’est efforcé de supplanter tout militantisme indépendant issu de la société civile dans le monde par des organisations non-gouvernementales qu’il a lui-même créées ou récupérées, et dont il assure la formation et le financement.
Ces organisations sont acquises à un programme américain internationalisé touchant aussi bien aux identités, aux droits individuels, aux principes de gouvernement, à l’économie, à l’administration, au droit, à la finance et aux investissements internationaux qu’à la religion, à la culture, aux arts ou encore à la littérature. L’objectif était de réduire à néant toutes les tentatives d’organisation collective qui avaient pu se développer dans ces pays pour lutter contre des dictatures pro-occidentales, ou l’économie néolibérale, ou encore le contrôle impérialiste américain ou européen.
De même que ce système de valeurs a été imposé en Europe occidentale aussi bien au niveau des élites qu’à celui du peuple, il s’agissait désormais de l’imposer au reste du monde, première étape de l’imposition de la vision américaine du futur de l’humanité (une humanité forcément néolibérale c’est-à-dire acquise au principe de libre concurrence par la jouissance des principes de l’individualisme ou de l’exaltation de ses libertés individuelles).
En parallèle à cette tentative d’ingénierie sociale destinée placer la jouissance au centre de nos préoccupations voir de nos valeurs, il y a aussi tous les programmes menés pour réduire la démographie dans le Sud Global. Surencherir sur l’Eros (amour charnel) au coeur des projets de vie, a immédiatement pour conséquence de désinciter les couples à fonder une famille.
Lorsque cette valeur issue du néolibéralisme se conjugue avec l’homosexualité elle a objectivement pour effet de promouvoir un mode de sexualité non reproductif. Les campagnes LGBT dans les pays du sud s’inscrivent donc dans la continuité des programmes de l’OMS souhaitant obstinément contrôler la démographie des pays en développement, par psychose du « grand remplacement », mais aussi par désir de contrôle d’une main d’oeuvre flexiblement exploitable dans les aléas de l’économie occidentale. Se faisant le féminisme civilisationnel a toujours fait la promotion des programmes de dénatalisation ou de migration des ressortissants du Sud Global ( le BUMIDOM , le CNARM, l’ANT à La Réunion !) .
L’internationale gay fille du féminisme hégémonique blanc, perpétue le même programme aujourd’hui. Cela se voit notamment à travers la question de l’asile politique offert aux minorités de genre en occident. Sur la simple question d’orientation sexuelle l’impérialisme sélectionne et disqualifie les bons et mauvais immigrés.
La stigmatisation des cultures du Sud Global est également une arme très bien utilisée par l’impérialisme ou suprématisme occidentaliste. Des discours stigmatisants à l’encontre des quartiers en périphérie des métropoles occidentales ou encore à envers les sociétés issues du Monde colonisé, sont régulièrement ravivés au lendemain d’actes homophobes. Une homophobie universelle ( ce n’est qu’en 2003 que les Etats-Unis on dépénalisé l’homosexualité.
Un paradoxe toujours bon à ressasser dans cette hystérie mondiale!) mais qui dans le contexte des débats menés par les LGBT ont tendance à suraffirmer le rôle des cultures, des religions des pays en voie de développement ou des populations issues de l’immigration. Ce recours au discours stigmatisant larvé de racisme, qui perpétue l’hégémonisme culturel occidentaliste reprend tous les ingrédients de l’imaginaire colonial sur la question de la race. Les peuples qui n’adhèrent pas à l’agenda LGBT sont présentés comme des barbares inaptes à la civilisation.
Et de la même manière avec laquelle les médias solidaires du féminisme civilisationnel affiche l’homme Réunionnais coupable de tous les féminicides comme étant proche de la bestialité, réduit à n’être qu’une bête de travail et insensible, les journaux ont tendance à en faire exactement de même quand un acte homophobe est attesté avant même d’en avoir trouvé le coupable.
L’homme colonisé racisé qui doit absolument lutter pour maintenir sa famille dans une socialisation qui le discrimine a en plus d’être désigné coupable de toute l’homophobie ambiante, la double peine d’être invisibilisé par cette question sacrée du droit des minorités de genre.
Dans une société hantée par la colonialité, où la question des discriminations structurelles et la question de la race mobilisent souvent les mouvements populaires et alimentent la colère sociale constatons que l’agenda LGBT parvient très facilement à imposer son ordre de priorité dans la sphère politiquo-médiatique.
La question du genre aujourd’hui invisibilise la question beaucoup plus profonde qu’est celle de la race. Elle est imposée quand l’autre est mise sous silence. Quand l’analyse globale des situations post-escalvagistes ou post-coloniales force à dénoncer des systèmes globaux hérités des fondements du capitalisme libéral, l’internationale gay éclipse le combat global par la question du genre qui jusqu’à aujourd’hui, et sans critique objective et rigoureuse bénéficie d’un certain prestige.
Ci-dessus : photo Samia Suluhu, présidente de la Tanzanie : des livres «contraires aux normes morales» bannis des écoles par le gouvernement. Parmi les ouvrages censurés, des manuels d’éducation à la sexualité mentionnant les personnes LGBT.