Le 26 juillet 2023, nous avons assisté au renversement du président Mohamed Bazoum au Niger. Le général Tchiani et ses camarades ont décidé de prendre leurs responsabilités face aux problèmes sécuritaires et économiques du pays. La France se retrouve ici dans une situation compliquée qu’en tant que panafricanistes nous devons exploiter.
Un coup dur pour les occidentaux
Le renversement du président Bazoum est un coup dur pour les occidentaux dans la région du sahel. En particulier pour la France qui y compte environ 1500 militaires et dont sa politique néocoloniale est en difficulté. L’an dernier, l’armée française s’est déployée massivement au Niger suite à son expulsion du Mali. Ce qui avait été contestée par le M62, un mouvement de la société civile. Ce dernier avait organisé une mobilisation, dans les rues de Niamey, en septembre 2022, contre la présence des troupes françaises. Cette nouvelle déroute géopolitique de la France montre sa perte d’influence en Afrique, après les révolutions maliennes, guinéennes et burkinabè.
Impuissance de la CEDEAO, de l’Union africaine et de la France
Les réactions de la CEDEAO¹, de l’Union africaine et de la France illustrent leur impuissance face à cette révolution panafricaine. La CEDEAO a décidé l’arrêt des « transactions commerciales et financières » avec le Niger, donc de le placer sous embargo. Elle a donné un délai d’une semaine au Niger pour rétablir l’ordre constitutionnel avec un retour aux fonctions de Bazoum. Si ce n’est pas le cas, elle menace d’intervenir militairement au Niger. De son côté, l’Union africaine, autre institution pro-occidentale, a décrété un délai de quinze jours. La France décide, pour sa part, de suspendre « toutes ses actions d’aide au développement et d’appui budgétaire ».
La détermination du peuple nigérien
Les sanctions et menaces de la CEDEAO vont renforcer le sentiment patriotique des Nigériens et les souder face à l’impérialisme². Nous l’avons vu avec le Mali, le Burkina Faso et la Guinée, qui résistent admirablement pour leur droit à l’autodétermination³. Les Nigériens sont rassemblés derrière les nouveaux dirigeants de leur pays et ils n’ont pas l’intention d’abdiquer. C’est ainsi que le dimanche 30 juillet, ils ont manifesté leur soutien à leur armée. En particulier, leur volonté d’être souverains⁴, en brûlant un drapeau français devant l’ambassade de France.
Soutien du Mali, du Burkina Faso et de la Guinée
Nous sommes dans un contexte de remise en question de l’impérialisme français et occidental en général. Dans la mesure où un monde multipolaire⁵ émerge, avec le souhait des peuples africains d’avoir leur destin entre leurs mains. La réaction des présidents du Mali, du Burkina Faso et de la Guinée montre qu’un panafricanisme étatique est en train d’éclore. Les présidents maliens et burkinabè ont déclaré qu’une « intervention militaire contre le Niger s’assimilerait à une déclaration de guerre » à leur encontre. Puis, qu’ils soutiennent le Niger face aux « sanctions illégales, illégitimes et inhumaines » de la CEDEAO. Enfin, pour eux, ces sanctions « aggravent la souffrance des populations et mettent en péril l’esprit du panafricanisme ». Par conséquent, il est nécessaire que cette vague de dirigeants africains souverainistes et panafricanistes touchent toute l’Afrique. Aujourd’hui, les peuples africains sont éveillés et n’ont plus peur d’affirmer leur désir d’être libres.
Photo ; Des manifestants qui soutiennent l’armée devant l’ambassade de France au Niger le dimanche 30 juillet 2023.
(1) Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest.
(2)Politique d’un Etat visant à réduire d’autres Etats sous sa dépendance politique ou économique. Syn : colonialisme, Dictionnaire Le Robert.
(3)Droit des peuples de décider par eux-mêmes et pour eux-mêmes voir la Charte des Nations Unies. (Art 1 alinéa 2)
(4)Se dit d’un pouvoir qui n’est limité par aucun autre.
(5)En géopolitique désigne une situation où il y a plusieurs pôles de puissances politiques et économiques qui s’équilibrent les uns les autres.
