Sommet Russie-Afrique : Perte d’influence de l’Occident.

Les 27 et 28 juillet s’est déroulé le sommet Russie-Afrique à Saint-Pétersbourg. Cet événement a illustré un retour des liens entre l’Afrique et la Russie depuis la fin de la guerre froide. Avec la remise en question de l’hégémonie occidentale, l’Afrique doit saisir cette occasion pour peser sur les relations internationales. Afin, de ne plus être sous la domination des Occidentaux qui pillent les ressources de notre continent.

48 pays africains étaient représentés au sommet Russie-Afrique avec la présence de 17 chefs d’États. C’est moins qu’en 2019, où il y avait 45 dirigeants africains au premier sommet Russie Afrique, à Sotchi. Toutefois, selon la présidence russe, certains ont subi des pressions occidentales pour qu’ils n’aillent pas à Saint-Pétersbourg. L’ouverture de l’événement était marquée par le renversement de Mohamed Bazoum au Niger, et la prise de pouvoir des militaires. Lors de ce sommet, plus de 160 accords ont été signés dans différents domaines comme le commerce extérieur. Également dans la coopération scientifique et technique, l’éducation, les sciences et la coopération internationale interrégionale.

Le rapprochement entre la Russie et l’Afrique, notamment au niveau commercial, ne fait aucun
doute suite à cet événement. C’est une mauvaise nouvelle pour les Occidentaux qui souhaitent soumettre l’Afrique à ses choix de politiques internationales. En effet, le non-alignement des pays africains sur la guerre en Ukraine lors des votes à l’ONU, déplaît à l’Occident.

Des liens historiques entre la Russie et l’Afrique

Les relations russo-africaines étaient fortes à l’époque de l’URSS, qui a aidé l’Afrique dans sa lutte anti-coloniale. Le soutien militaire de l’URSS aux mouvements de libération africains a été très important dans la lutte de nos aînés. Notamment ceux de l’Angola et du Mozambique, avec des centres de formation militaire en URSS pour les révolutionnaires africains. En Afrique, l’Union soviétique a développé des usines, des infrastructures, des écoles, des hôpitaux et des centres scientifiques. Des médecins, ingénieurs et scientifiques soviétiques travaillaient dans les pays africains et une dizaine d’universités y ont été construites par l’URSS. Mais la collaboration russoafricaine s’est arrêtée suite à la chute de l’URSS en 1991. Néanmoins, la Russie et l’Afrique ont gardé des liens étroits, en raison de leurs relations historiques. Ces éléments expliquent l’envie pour l’Afrique de s’allier à la Russie, dans sa lutte pour la souveraineté face au néocolonialisme.

Un monde multipolaire

Aujourd’hui, l’Afrique peut contribuer à la construction d’un monde multipolaire aux côtés des puissances comme la Chine, le Brésil… La Russie est dans cette volonté de relations internationales multilatérales avec plusieurs pôles de pouvoirs. C’est pourquoi, elle plaide en faveur de l’intégration de l’Union africaine au sein du G20. Puis, que l’Afrique siège au Conseil de sécurité de l’ONU. La montée en puissance des BRICS, avec sa Nouvelle banque de développement (NBD), illustre ce changement de l’ordre mondial. Car, la NBD a pour but de financer les projets d’infrastructures dans les pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Sud. C’est ce qu’a déclaré Dilma Roussef, présidente de la NBD, lors de la session plénière du forum Russie-Afrique. Les BRICS permettraient aux pays africains d’avoir des possibilités de financement autres que le FMI ou la Banque Mondiale. Cela donne l’opportunité aux pays qui veulent être souverains dans le choix de leurs partenaires, de contourner les sanctions occidentales. Ces dernières sont utilisées de manière unilatérale par l’Occident afin d’empêcher aux autres peuples d’agir librement.

De plus, nous sommes dans une dédollarisation du monde. Dans la mesure, où des pays comme la Russie et la Chine utilisent leurs devises nationales dans leurs échanges commerciaux. De même que L’Inde et les Émirats arabes unis ont signé un accord pour régler leurs transactions en monnaies nationales. L’objectif, c’est d’établir une « nouvelle infrastructure financière », a déclaré Dilma Roussef au sommet Russie-Afrique. Sortir de la dépendance du dollar est nécessaire, puisque c’est une arme employée par les Américains pour sanctionner des pays.

Un partenariat stratégique entre la Russie et l’Afrique

Dans ce monde globalisé, où les pays sont interdépendants entre eux, l’Afrique veut diversifier ses partenaires. La Russie y trouve évidemment des intérêts économiques et diplomatiques en tissant des liens avec l’Afrique. Or, l’Afrique aussi y trouve un intérêt en se rapprochant de la Russie. Tout d’abord, à l’inverse des Occidentaux, la Russie n’a pas l’intention de s’ingérer dans les affaires internes des pays africains. Ensuite, elle souhaite soutenir l’Afrique dans le domaine agricole pour qu’elle puisse accéder à la souveraineté alimentaire. L’autre secteur où la Russie et l’Afrique veulent collaborer, c’est sur le plan de l’énergie. Vladimir Poutine a déclaré lors du sommet, « Nous sommes en train d’élaborer 30 projets énergétiques, dans 16 États africains, dont la puissance totale représente près de 3,7 gigawatts ». Aussi, la Russie est prête à accompagner l’Afrique dans son industrialisation et l’établissement de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF). La ZLECAF serait un moyen pour permettre une unité économique et commerciale du continent africain. Cela favoriserait les échanges commerciaux entre les pays africains. Nous voyons que la Russie, suite à ce sommet, souhaite aller plus loin dans ses relations avec l’Afrique. Renouer des liens commerciaux forts, comme à l’époque de l’URSS, en plus des accords militaires. Certains pensent, sans doute, que la Russie est dans une dynamique de vouloir « coloniser » l’Afrique. C’est le message délivré par les gouvernements occidentaux à travers leurs médias. Alors qu’en réalité, ils n’apprécient pas que l’Afrique décide de se tourner vers la Russie ou la Chine. Évitons également de croire que l’Afrique est en train de substituer un colon par un autre. Les Africains font comme les autres peuples, ils établissent des partenariats stratégiques selon leurs intérêts économiques, militaires…, L’Afrique est assez mature politiquement aujourd’hui pour ne plus se laisser dominer par d’autres nations. Ainsi, le monde change avec l’apparition d’une alternative au système international actuel où les Africains sont toujours perdants. Par conséquent, l’Afrique doit s’unir et s’allier aux nouvelles puissances qui s’affirment, afin de se libérer du néocolonialisme !

Source : Photo des chefs d’Etats africains autour de Poutine lors du sommet Russie-Afrique le 28 juillet 2023, source TV5 monde.

KA UBUNTU

mouvement politique indépendantiste et panafricaniste fondé par des réunionnais.

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