Niger : La CEDEAO soumise à l’Occident.

Les 2 et 4 août 2023, à Abuja, les chefs d’État-major de la Communauté des États d’Afrique de l’ouest (CEDEAO) se sont réunis. Le but de cette réunion était d’établir un plan d’intervention militaire au Niger, suite au renversement de Mohamed Bazoum. Ce lundi, l’ultimatum de 7 jours, de la CEDEAO, prend fin à minuit. Cette institution au service des Occidentaux, va-t-elle oser agresser militairement le peuple nigérien ?

La CEDEAO est une organisation intergouvernementale ouest-africaine créée en 1975, regroupant 16 pays. À l’origine, elle avait pour but de développer la coopération économique et de maintenir la paix dans la région. Mais, le Mali, le Burkina Faso et la Guinée ont été suspendus et mis sous embargo par la CEDEAO. Cela, suite à leur volonté de ne plus être sous domination occidentale. Lors de la prise de pouvoir des militaires au Niger, cette institution pro-occidentale a décidé d’imposer des sanctions au Niger. Également d’employer la force militaire, si les militaires ne réinstaurent pas Bazoum au pouvoir à la fin de l’ultimatum. Toutefois, l’intervention militaire ne fait pas l’unanimité. Puisque, l’Algérie s’y oppose, tout comme des sénateurs nigérians, car ils craignent que cela aggrave la situation sécuritaire.

De son côté, le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), a décrété la fermeture de ses frontières terrestres et aériennes. Il a déclaré « Face à la menace d’intervention qui se précise à partir des pays voisins, l’espace aérien nigérien est fermé (…) jusqu’à nouvel ordre ».

Une CEDEAO opposée à la souveraineté africaine

Ce qui se passe au Niger, démontre que la CEDEAO est opposée à la souveraineté des peuples africains. Nous constatons qu’elle est déconnectée de la révolution africaine en marche et reste attachée à la vision du monde occidental. Lorsque nous entendons Bola Tinubu, le président nigérian, parlé d’intervention militaire pour restaurer la démocratie au Niger. Cela nous fait penser au discours des Occidentaux pour justifier leurs guerres en Libye ou en Irak. Mais, la démocratie, c’est l’expression de la volonté du peuple, donc sa souveraineté. La CEDEAO, en ne respectant pas la volonté du peuple nigérien, est anti-démocratique. En plaçant sous embargo, le peuple nigérien, qui prend son destin entre ses mains, elle s’oppose à la souveraineté africaine. Si nous parlons de démocratie, la CEDEAO n’a pas à s’ingérer dans les affaires internes du Niger. En effet, le peuple doit pouvoir décider par lui-même de ses dirigeants, sans aucune pression extérieure. L’hostilité de la CEDEAO, envers le Niger, renforce le sentiment patriotique du peuple qui soutient vigoureusement les militaires au pouvoir. Nous l’avons vu, lors du rassemblement organisé, ce dimanche 6 août, où ils étaient des milliers de personnes.

Pas de démocratie sans souveraineté

La CEDEAO et ses patrons occidentaux disent vouloir restaurer « l’ordre constitutionnel », la « démocratie », au Niger. Et, qu’ils s’opposent aux « Coups d’État ». Sauf que, nous devons arrêter de penser que la démocratie, ce sont forcément les élections. Car, il ne peut y avoir de démocratie sans souveraineté. Cela passe par le contrôle des richesses du pays par le peuple lui-même, avec une répartition des richesses. Avec des dirigeants qui pensent au développement de leur pays grâce à ses richesses. La Libye de Kadhafi n’avait pas adopté la démocratie électorale, mais le peuple bénéficiait de ses richesses. Au contraire, beaucoup de pays africains ayant adopté le modèle électoral, sont dans l’instabilité et la pauvreté. En raison, de leur manque de souveraineté, car ils ne contrôlent pas leurs matières premières pillées par l’Occident. Si un président élu, comme l’était Bazoum, n’est pas en mesure de défendre les intérêts de son peuple. Alors, le peuple a le droit, d’utiliser tous les moyens, pour lui retirer son mandat. Ce peuple est seul compétent, pour savoir ce qui est bon pour lui et ce qui ne l’est pas.

Le paradoxe de la CEDEAO, qui se dit démocratique, est qu’elle entretient de bonnes relations avec le président du Tchad. Ce dernier, qui n’a pas été élu, est arrivé au pouvoir suite à un coup d’État institutionnel. En revanche, il est soutenu par la France, d’où le fait qu’il ne soit pas inquiété par la CEDEAO. Il en a même été l’émissaire, au début de la crise, pour tenter de négocier avec les militaires à Niamey.

L’émergence d’un bloc panafricaniste

L’attitude de la CEDEAO et ses patrons occidentaux, comme la France, sont en train de permettre l’émergence d’un bloc panafricaniste. Ce lundi, une délégation du Mali et du Burkina Faso a été envoyée à Niamey, afin d’exprimer leur « solidarité » aux Nigériens. À l’heure actuelle, Le Mali, le Burkina Faso, la Guinée et le Niger pourraient impulser cette unité africaine. Avec des dirigeants africains qui serviraient et défendraient les intérêts de leurs peuples. Les Africains et la diaspora veulent une rupture avec la politique impérialiste des Occidentaux. Notamment l’arrêt de la présence militaire française au Sahel. D’ailleurs, les militaires nigériens ont dénoncé les accords de défense avec la France. Nous voyons que face au réveil du peuple malien, burkinabè, guinéen et nigérien, « l’impérialisme tremble », comme l’a dit Thomas Sankara. Sans doute que les dirigeants de la CEDEAO craignent d’être aussi renversés, par cette vague panafricaniste.

photo : Des manifestants soutenant les militaires au pouvoir, source Le Monde.

KA UBUNTU

mouvement politique indépendantiste et panafricaniste fondé par des réunionnais.

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